Accompagnement psychologique à l'adolescence : Quand consulter ?
Zoom sur les processus de changement à l'adolescence et sur les signaux de souffrance qui pourraient nécessiter un accompagnement psychologique.
Lucie Gillet
3/28/20256 min read


Accompagnement psychologique à l’adolescence : quand consulter ?
Commençons par un zoom sur cette période charnière de la vie :
Les limites de l’adolescence sont floues, tout simplement car ce que l’on nomme « adolescence » est un processus qui recouvre de nombreux changements, qui ne surviennent pas tous en même temps, et pas de la même manière chez tout le monde. Attardons-nous un peu sur ces changements.
L’adolescence physique
La période de l’adolescence est marquée par l’arrivée de la puberté. Le corps change, les fonctions génitales et reproductives deviennent progressivement actives, les hormones s’affolent. On note une différence de démarrage de ce processus en fonction du genre : alors que les filles vivront en moyenne leurs premiers changements hormonaux et corporels vers 10.5 ans, les garçons le vivront en moyenne vers 13 ans.
Bien sûr ce processus peut être plus précoce ou plus tardif. De nombreuses études montrent maintenant les liens qui peuvent être fait entre l’environnement et la survenue avancée ou retardée de la maturation hormonale chez l’adolescent. (Daniel Marcelli et al.2024)
Ces changements hormonaux massifs modifient entre autres les besoins physiologiques vitaux que sont le sommeil et l’alimentation.
L’adolescence du cerveau
Il existe aussi à l’adolescence un changement corporel moins visible mais pourtant très important : la modification de l’activité des différentes zones cérébrales. On parle d’un « âge transitionnel du cerveau » (Chung et Hudziak, 2017)
Les zones liées à l’activation émotionnelle, au système de récompense (lien entre comportement et plaisir/déplaisir) sont particulièrement activées. Le cortex pré-frontal n’est pas encore mature. Cette zone qui régule les décisions, l’inhibition et la planification se développe jusqu’à environ 25 ans.
Ce qui explique que l’adolescent soit souvent en recherche de sensations, et d’expériences nouvelles. Ce qui explique également qu’il puisse réagir de manière forte, impulsive, émotive, et qu’il puisse faire des choix répondant à un besoin de satisfaction immédiate.
Aussi, on comprend en observant les évolutions cérébrales en cours qu’il est parfois compliqué pour l’adolescent d’initier des actions visant des objectifs à long terme, même s’il est déjà capable de les penser. Parfois, ce n’est pas qu’il ne veut pas, c’est qu’il ne peut pas faire autrement. Pas encore.
L’adolescence et les relations aux autres
D’un point de vue social et culturel l’adolescence est également une période de bouleversements intenses.
Le passage de l’enfance à l’âge adulte s’accompagne de l’introduction des notions de responsabilité et de sexualité. Ces notions prennent leur place de manière plus ou moins intense et rapide en fonction de l’environnement culturel, du genre et du milieux social de l’adolescent.
L’avènement de la sexualité et des responsabilités implique une mise à jour sociale, une actualisation du rapport aux autres.
L’adolescent doit petit à petit prendre de la distance avec ses premières figures d’attachement (ses parents, sa famille proche…) pour s’individualiser, s’émanciper, s’ouvrir au monde.
La maturation cognitive implique que l’adolescent construise petit à petit ses opinions et ses goûts, parfois en opposition avec ceux de ses premières figures d’attachement.
La maturation sexuelle implique un rapport différent à la tendresse. Ce qui auparavant pouvait sécuriser laisse place à un besoin d’intimité nouveau, la proximité avec les premières figures d’attachement devient alors source de conflits et la proximité avec ses pairs source d’excitation.
Le changement du rapport au corps s’accompagne donc d’un changement de rapport aux autres.
Au niveau identitaire l’adolescence est une période capitale. Là où l’enfant « collait » souvent au désir de ses figures d’attachement l’adolescent voit son identité être remaniée au contact de ses pairs, des autres adolescents autour de lui. Ses pairs vont prendre une grande importance dans la quête de validation identitaire, d’acceptation de soi et de sentiment d’intégration qui se joue à cette période.
Les relations aux autres adolescents et l’influence de l’environnement social deviennent essentielles. On observe une sensibilité accrue aux signaux sociaux (gestes, intonations, mimiques du visage). Cette hyper-connexion aide l’adolescent à s’ouvrir au monde autour de lui, et accompagne une construction progressive de l’esprit critique au gré des différentes rencontres et expériences qui pourront être vécues.
Les études ont montré que les adolescents ont beaucoup plus tendance que les adultes à prendre des risques en présence de leurs pairs. De manière plus positive ils ont également un sentiment de sécurité accru et protecteur lorsqu’ils ont une relation de confiance forte avec un ou plusieurs de leurs pairs (un confident).
C’est aussi à l’adolescence que l’on observe le plus le phénomène d’idéalisation (d’une star par exemple), qui permet aussi de se façonner en miroir une nouvelle identité, et offre parfois un sentiment d’appartenance à un groupe.
La souffrance psychique à l’adolescence
Vous l’aurez donc compris, il se passe énormément de mouvements propres à chambouler durant l’adolescence. C’est d’ailleurs durant cette période que les pathologies psychiatriques commencent majoritairement à être détectées. En effet, on estime que 50% des maladies psychiques sont diagnostiqués avant l’âge de 14 ans, et que 75% le sont avant l’âge de 24 ans (Kessler et al. 2005).
Mais rassurons-nous, si l’adolescence est la période du changement c’est aussi parce que tout y est encore malléable, bien plus qu’à l’âge adulte.
Cependant, il y a des signes qui peuvent vous alerter et qui nécessiteraient une évaluation par un professionnel de santé:
· Un changement brutal de comportement. Un adolescent très sociable qui deviendrait soudain très introverti, ou l’inverse. Une perte d’intérêt soudaine pour les activités auparavant appréciées…
· Une agressivité massive, contre soi-même ou contre les autres.
· Des troubles du sommeil de manière régulière (insomnies ou au contraire hypersomnie.)
· Des troubles alimentaires (refus alimentaire, contrôle du poids, boulimie…)
· Un refus scolaire, de l’angoisse vis-à-vis du milieu scolaire.
· Au niveau scolaire : un écart qui se creuse entre l’adolescent et ses pairs.
· Des propos suicidaires, ou des idées noires.
· Des scarifications ou toute autre atteinte au corps (phénomène de triturage massif de la peau, des cheveux…)
· Des comportements dangereux (consommation de toxiques, fugue…)
· Des plaintes concernant des douleurs physiques qui ne sont pas expliquées après des examens médicaux.
· Autour d’un évènement en particulier : séparation des parents, perte d’un proche, attouchements sexuels, viol, accident, harcèlement….
Vers qui se tourner pour accompagner un adolescent qui présente des signes de souffrance psychique ?
1. Pensez en premier lieu à votre médecin généraliste, qui connaît parfois l’adolescent depuis de nombreuses années. De plus il est important d’évaluer la possible cause physique d’une souffrance, même quand elle semble psychique.
2. Un lieu d’accueil gratuit comme un Centre Médico Psychologique (CMP) pour enfants et Adolescents ou un Centre Médico Psycho-Pédagogique (CMPP). Votre adolescent pourra y être évalué et accompagné par une équipe pluridisciplinaire (infirmiers, éducateurs, psychologues, orthophonistes, psychomotriciens, médecins…). Malheureusement les listes d’attente sont souvent très longues...
3. Un psychologue accueillant les adolescents ou un pédopsychiatre.
Pour connaître la différence entre les deux je vous renvoie à cet article.
Vous trouverez ici les modalités d’accompagnement que je propose pour accompagner les adolescents
Voici les adresses à connaître à Pont-à-Mousson :
CMP Enfants et Adolescents
29 rue Clémenceau
54700 Pont-à-Mousson
Tel : 03.83.80.43.10
CMPP
12 place Saint-Antoine
57400 Pont-à-Mousson
Tel : 03.83.83.25.55
Et en cas d’urgence ?
Rappel des numéros d'urgence nationaux :
Le SAMU : 15
La police : 17
Les pompiers : 18
A Pont-à-Mousson :
La prise en charge des urgences psychiatriques est assurée par convention avec le Centre Psychothérapique de Nancy à l’Unité de Proximité, d’Accueil, de Traitement et d’Orientation des Urgences du Centre Hospitalier de Pont-à-Mousson.
Après évaluation médicale physique générale par l’urgentiste, l’Unité de Psychiatrie de Pont-à-Mousson (UPPAM) située sur le site du Centre Hospitalier fait appel si nécessaire à une équipe spécialisée de pédopsychiatrie du secteur. Un transfert au service des urgences pédiatriques (SUP) de l’hôpital d’enfants de Brabois ou du service d’urgence (SU) de l’hôpital Central de Nancy peut-être aussi décidé.
Centre Hospitalier de Pont-à-Mousson
Place Colombé
54701 Pont-à-Mousson
Ressources disponibles 24h/24 7j/7, anonymes et gratuites.
Numéros d’appel :
3114 : Numéro national de prévention du suicide
119 : numéro national pour les enfants et ados en danger.
3020 : numéro national pour les victimes de harcèlement dans le milieu scolaire.
3018 : numéro national pour les victimes de cyberharcèlement.
Tchat de la gendarmerie nationale accessible ici.
Je vous remercie de m'avoir lue,
Lucie Gillet
Psychologue clinicienne
Pont-à-Mousson
Adresse
224 rue du bois le prêtre
Bâtiment F
Appartement 30
54700 - Pont à Mousson
Horaires d'ouverture
Lundi, mardi, vendredi
9h-17h
Mercredi
14h-20h